On se réveille avec la pluie. Au moins ça fait fuir les mouches ! On se prévoit une journée cool, pas trop de randos, pas trop de montées, on va faire les vrais touristes à la cool. On quitte les lieux vers midi, en prenant soin de bien fermer la tente à cause de la pluie. Je rigole. Je laisse la tente ouverte et on ne s’en rendra compte qu’en rentrant le soir-même ; ô joie du camping !
Premier arrêt de la journée à Grjótagjá, plus connue pour être la fameuse grotte ayant accueilli les culs nus de Jon Snow et Ygritte lors de leur nuit torride dans l’épisode 7 6589 de Game of Thrones. Il faut se baisser et escalader quelques rochers pour arriver en bas, passer les écriteaux mettant en garde le touriste un peu tête en l’air (en gros, « si tu meurs, c’est à tes dépens ») pour arriver à un lac d’eau chaude, translucide et d’un bleu glaçant. Il paraît que les locaux avaient pour usage de s’y baigner jusque dans les années 70, mais suite à différentes éruptions, l’eau est devenue trop chaude pour pouvoir y faire trempette en toute sérénité. On se contentera d’y plonger les doigts, juste pour dire qu’on a touché la même eau que Jean Neige. On ressort sous la pluie, avec un petit goût de « c’est quand qu’on se baigne ? ».
ça tombe bien, on est à deux pas des bains naturels de Mývatn. Le 4×4 nous y amène en 2 minutes 45, il n’y a plus qu’à aller chercher les maillots de bain dans le coffre et à payer la modique somme de 35 euros par personne avant d’entrer dans le bain … dans lequel on restera très exactement 4 heures. On est en plein air, l’eau est d’un bleu laiteux, on ne voit pas ses mains à 10 cm et selon l’endroit où l’on va, la température est plus ou moins élevée. Celim jouera les sirènes sur les rochers qui dépassent, il fait gris et il pleut mais on est comme dans un cocon de flotte chaude et opaque : on a plus envie d’en sortir. On a vraiment rien fait d’intéressant durant ces 4 heures, on a juste testé le sauna et les bains très chauds, c’est une petite parenthèse sur notre voyage et c’était parfait ainsi.

« Adopte une sirène. »
On décide ensuite de se rendre à Dimmuborgir, un site que j’attendais particulièrement. Il s’agit d’un site volcanique, toujours situé dans la région de Mývatn. Son nom en islandais signifie « châteaux noirs », je te laisse imaginer le potentiel black métal du lieu en question (ça a probablement quelque chose à voir avec le groupe norvégien du même nom). Ici, contrairement à Leirhnjúkur, la lave ne fume pas. Mais elle a formé des tours, des « châteaux » (ben tiens) et des colonnes, qui font penser à un véritable décor de film gothique. On emprunte les sentiers qui sillonnent entre les différentes formations, jusqu’à une « chapelle », la Kirkja, avec un immense trou au milieu. L’atmosphère chaotique de l’endroit donne vraiment envie de rabattre une grande capuche noire sur sa tête et de hurler des choses sur la mort et l’enfer. Il paraît d’ailleurs que certaines légendes nordiques situent Dimmuborgir comme la porte des Enfers. Trop de love.
Dernier arrêt de la journée : le cratère du volcan Hverfjall, responsable de l’éruption qui aura donné naissance au paysage tourmenté de Dimmuborgir. On s’y rend en voiture, le volcan est immense et sombre, très imposant. Il s’agit en fait d’un cratère de cendres, ce qui peut rendre son ascension difficile – mais évidemment, on s’en rendra compte à la moitié du trajet. La montée prendra 30 minutes, pour 250 mètres de dénivelé dans un sol qui s’enfonce sous nos pas. Arrivés en haut, premier constat : on n’entend pas un bruit. Rien. Le silence total. C’est très frappant comme sensation, il y a ces cendres sous nos pieds, un panorama vertigineux sur la région de Mývatn, ce cratère gris et lisse et cette absence de bruit. Deuxième constat : maintenant qu’on est arrivés là, autant en faire le tour. Ce sera chose faite en une petite heure : on s’arrête toutes les dix minutes pour admirer la vue. Petite pensée pour les « nous » de matin même qui avions décidé de faire une journée à la cool. Ce volcan est dingue, une expérience à faire à tout prix. Il ne rend pas forcément très bien sur les photos, difficile de rendre compte de l’atmosphère qui règne en son centre et pourtant, il y avait là quelque chose de palpable et de très fort. On redescend en courant comme des petits cabris, on a encore pas vu passer la journée et avec l’absence de nuit, on croit à des cycles de 36 heures.
En rentrant surprise dans la tente ! On ira donc boire un verre et manger une soupe avec un œuf le temps que le duvet de Celim sèche (on se doute bien que je n’ai pas laissé ouvert de mon côté, ça aurait été moins drôle.) On décide le soir-même de changer nos plans pour le lendemain : la route F35 vient d’ouvrir, on peut se rendre à Hveravellir, un site géothermique sur la piste Klojur.