Ce jour-là, on décide de prendre notre temps. De ne pas « trop » prévoir. On se ballade un peu et on verra. On est dans les fjords de l’Est, c’est calme et l’atmosphère appelle au ralentissement. On va donc tout naturellement passer notre matinée à la piscine municipale de Djúpivogur, histoire de faire quelques longueurs et profiter des hot tubs à 40 degrés. On en sort ramollis comme de vieilles pommes de terre mais ça fait un bien fou. On longe un peu la côte pour arriver devant la maison de Vilmundur Þorgrímsson, transformée en véritable galerie d’art – un peu particulière cela dit. Chez Bones Sticks & Stones, deux grandes carcasses de cétacés (orques ? baleines ?) nous accueillent à l’entrée. Le jardin est transformé en un champ de silhouettes qui, lorsqu’on les approche, laisse deviner des bouts d’ossements, des bois d’animaux, des plumes, des pierres.

Un crabe très sérieux chez Bones Sticks & Stones.
Tout prend vie, telle une petite armée macabre et poétique. La visite est séparée en plusieurs endroits (des maisonnettes type abri de jardin), à chaque fois sur le thème des hommes et des monstres. Crânes, ossements, plantes grimpantes, minéraux se sont fait les maîtres des lieux. On rencontre le maître des lieux dans son petit atelier ; il tient à nous parler de son pays, sa culture. Il nous parle du tourisme, de ce que nous apportons à l’Islande. On se rend compte également que beaucoup de touristes présent.e.s ici ne prennent pas toujours le temps de discuter avec les locaux et de partager leur expérience. Avec le phénomène des blogs et des réseaux sociaux, les vols low-costs, l’Islande est devenue une destination tout à fait abordable et assez tendance. De nombreux.ses touristes s’y sont précipité.e.s depuis quelques années – on en fait partie. Mais il semblerait que nous oubliions l’essence même du pays, ce qui fait son âme : ses habitant.e.s, sa culture.
Nous continuerons tranquillement notre route le long des fjords de l’Est, sans avoir de destination précise en tête. On remonte donc en direction d’Egilsstaðir où l’on bifurque pour se rendre à Seyðisfjörður, petit port de pêche niché au fond d’un fjord. Encore une fois, la route est incroyable. On traverse un col dans les nuages, on ne voit pas à 5 mètres. La route est en lacets, et on circule au milieu de névés – là on se demande un peu le type de nuit qu’on va passer. Pendant la descente, l’horizon s’éclaircit, on est dans les hauteurs et on aperçoit le village en contrebas. On va passer une douzaine d’heures dans ce fjord, avec un couvercle de nuages au-dessus de la tête. On pose nos affaires au camping du coin et on se ballade un peu dans le village. Le port est celui d’arrivée du ferry des Îles Féroé ; il paraît que toute la ville s’anime et que les hébergements sont complets lors de son arrivée. Les maisons sont colorées, décorées de guirlandes, l’atmosphère est très chaleureuse. Une petite église bleu pastel et blanc est posée au bout d’un chemin de bandes arc-en-ciel, le contraste est charmant et donne un air de petit village de poupée.

« Show me the way. »
On repère un bar, on décide pour la première fois du séjour de s’y installer pour boire une bière. Ah, on avait pas encore abordé le prix de la bière … C’est simple, pour 4 pintes, on en ressort avec une facture de 45 euros. Autant te dire qu’on les a appréciées comme il fallait, une petite larme au coin de l’oeil d’émotion. On aurait voulu rester toute la nuit dans ce bar chaleureux, qui passait du rock’n’roll. Mais on a de la route à faire le lendemain, il est temps de se faire à manger dans la salle commune et d’aller se reposer un peu !