Départ dans la matinée pour Skaftafell (again) ; on revient sur nos pas pour une nouvelle randonnée dans le parc naturel dont on a encore pas exploré toutes les possibilités. Sur le chemin, petite pause au pied du Svínafellsjökull, calme et silencieux. La langue glaciaire s’étend jusqu’à nos pieds, on devine les strates de glace bleu turquoise au fond tandis que celles qui s’étendent devant nous sont zébrées de noir. On reste un petit moment à contempler le paysage.

Crinière rousse sur fond glaciaire.
On refait une halte au point info de Skaftafell pour décider du parcours de la matinée. On se lancera pour une boucle de 14 km, une randonnée au nom imprononçable qui nous emmènera au pied de la vallée de Morsárdalur, en longeant la rivière Morsá. Le parcours est assez déconcertant … Plat, caillouteux, on avance sur une ligne à n’en plus finir avant d’arriver au cœur d’un champ de lupin, cette fleur violette très présente en Islande qui donne vite aux paysages des allures de pub Milka.

Et la marmotte, etc.
On est entourés de montagnes et on devine le Morsárjökull au loin, c’est beau, mais les cailloux et le plat pendant plus de 7 kilomètres ont raison de notre patience. On doit traverser deux gués et on arrive dans un endroit très marécageux, c’est un peu la mission pour trouver de quoi traverser sans se remplir les pompes de flotte. Au milieu de la boucle, on sort de la petite forêt de bouleaux qui nous entoure, et c’est reparti pour les cailloux … jusqu’à la fin de la rando. On regagne la voiture, il est 16 heures. « Non mais on est en Islande hein, c’est quand même trop chouette. » « Oui, t’as raison. C’était trop chouette. »
Prochain arrêt du programme, les glaciers Fjallsárlón et Jökulsárlón. On commence par le « petit frère », le Fjallsárlón. Un peu moins impressionnant et donc moins touristique, mais quand même ! Ici les icebergs se détachent du glacier et plongent dans un lac immobile. Encore une fois, pas de vent, zéro vibration ; le paysage est imperturbable. On s’assoit sur un rocher en face de cette étendue d’eau calme et de glace massive, on regarde dériver lentement un petit bloc … Les teintes sont plus ternes que ce qu’on a pu voir précédemment, mais le spectacle est tout aussi saisissant.

Fjallsárlón, immobile.
Quelques kilomètres plus loin, se tient le Jökulsárlón dont on commence à deviner la présence derrière des buttes rocheuses. On se gare pas loin de la plage, là où le lac se déverse via l’embouchure dans la mer, entraînant dans son sillage des petits cubes de glace. En marchant sur le sable noir, on contourne donc des icebergs venus s’échouer au large, petits vestiges du glacier qui se désagrège lentement. Le vent est puissant, on sort les capuches et les gants. On remonte la plage pour arriver aux abords du lac et on saisit alors la beauté glaciale de ce paysage incroyable.

Speechless.
Les icebergs sont là, bleus, blancs, noirs, comme posés sur une surface immobile. Une tête ahurie sort quelques secondes, un phoque vient nous saluer pour replonger aussitôt dans les profondeurs. On va se garer un peu plus en hauteur, afin d’avoir une vue plongeante. Encore une fois, on reste un long moment assis, à contempler. On a même la chance de voir un retournement d’iceberg, dans un bruit déchirant, qui laisse voir un côté immaculé et encore plus limpide que son envers. Le point de vue est irréel, toute cette glace en décomposition lente et maîtrisée semble sortie d’un film de science-fiction. On dirait une île flottante gelée, un dessert pétrifié. Sur le chemin du retour à la voiture, Celim fait l’objet d’une attaque en règle par les oiseaux présents, protégeant leurs nids. Ça crie et ça bat des ailes, ça tente des piquées vers son crâne, je pleure de rire tellement c’est comique à voir de loin.

Attaque de piaf dans 3, 2, 1, …
On prévoit de passer la nuit à Höfn, mais une fois arrivés là-bas, force est de constater que le camping semble cher pour ce qu’il propose. Bon, il est 20h mais vu qu’il ne fera pas nuit … On continue un peu la route ? C’est reparti pour 2h de voiture, le long de la côte sud-est avec un soleil rasant. Halte obligatoire au pied d’une colline engloutie par un épais nuage ; l’atmosphère est impressionnante, ce n’est pas la première fois qu’on se sent petit mais le sentiment est ici décuplé par cette masse nuageuse un peu mystique.

La montagne dans les nuages.
Deuxième arrêt au creux d’un fjord où la lumière est simplement dingue et les montagnes au loin se découpent sur plusieurs plans. Les côtes sont baignées d’or, la lumière est vibrante et accueillante. La route jusqu’au camping est vraiment belle, elle suit les contours de l’île, nous emmène dans ses virages et ses boucles secrètes, c’est elle qui nous guide. On croise quelque moutons pas très impressionnés par le 4×4, arrêtés en plein milieu de la route. Il faudra ralentir à plusieurs reprises et attendre que ces messieurs-dames daignent regagner leur coin de verdure pour continuer à avancer.
On arrive vers 22h à Djúpivogur, petit village construit autour de son port. Le camping, un peu en hauteur, n’est pas très grand mais bien plat, et la salle commune très propre. Douches payantes ? On prévoit un petit tour à la piscine municipale le lendemain. On y retrouve encore une fois Pierre et Suzanne – ce sera la dernière fois du voyage, mais on garde contact pour s’envoyer des conseils et recommandations.