Il fallait un mot de la fin. Un épilogue, une sortie de scène.
Notre dernière journée en Islande n’a rien d’épique ou d’époustouflant. On l’a passée à arpenter les rues de Reykjavík à le recherche de petits souvenirs (tous plus chers les uns que les autres) pour les copain.ine.s. On a repris contact avec la foule, on a marché sans trop savoir où on allait ni où ça nous menait. On s’est approché.e.s du port, pour respirer les derniers effluves, avoir la vue sur les derniers rochers, et toucher du doigt une dernière fois cette immensité aux airs de liberté. On a trouvé un petit restau, bu un thé sous une tapisserie au crochet, partagé une pizza trop petite pour nous, pensé un moment à manger une glace mais bon « quand même, il fait pas 30 degrés », fait pipi dans les toilettes de l’Opéra et sa déco futuriste, on a essayé, sans succès, de trouver un chandail islandais à un prix abordable ; on a profité de notre voyage jusqu’aux dernières minutes qu’il nous restait.
Le jour ne déclinant pas, on a fait confiance aux heures qui s’écoulaient et on est repartis en milieu de soirée une dernière fois en direction du 4×4. On décollait tôt le lendemain matin, et après de longues discussions, on a décidé qu’on passerait une dernière nuit à l’image de la moitié de notre voyage : en duvet, dans la voiture, mais cette fois rien de très bucolique puisqu’on s’est garé.e.s directement sur le parking de l’agence de location, à l’aéroport. On ne va pas se mentir, cela a été notre pire nuit, entre le stress de louper le réveil et les multiples passages de voiture, éclairant à chaque fois l’habitacle du 4×4. Pas de poésie pour cette dernière nuit !
On est parti.e.s, très tôt, laissant derrière nous le tapis de mousse à Þakgil, la petite dame aux reflux devant les baleines d’Húsavík, le champ de lave encore fumante de Leirhnjúkur, les lacs aux eaux laiteuses et les volcans paresseusement endormis, les moutons laineux des îles Vestmann, les yum-yums, les cascades aux bruits de tonnerre, les bains municipaux et leurs jacuzzis, Pierre et Suzanne, les icebergs à la chorégraphie délicate et l’excursion miracle à Landmannalaugar.
Presque deux ans plus tard, j’ai entamé des séances avec une hypnothérapeute pour des gros problèmes de sommeil. Lors d’une séance, après les respirations d’usage et une fois mon corps entièrement relâché dans le fauteuil, elle m’a demandé : « Si vous deviez être à n’importe quel endroit, là maintenant, que choisiriez-vous? » J’ai répondu : « l’Islande. »
– L’Islande … pourquoi ce choix ?
Je m’étais encore enfoncée dans le fauteuil.
– Je ne sais pas … Le feu, la glace.
– Ah. Mais c’est tout à fait vous, ça.