Réveil excités comme des pucerons. Aujourd’hui, on sort des sentiers battus et de notre zone de confort, on quitte la route 1 et on s’enfonce dans les terres islandaises. Depuis notre départ on check l’actu des routes non stop, on le voit clignoter, passer du rouge à l’orange pour certaines, et finalement, ça arrive : la route F35 vient d’ouvrir, on va pouvoir se rendre à Hveravellir. C’était une des étapes clé qu’on ne voulait pas louper pendant le voyage, on essuie les petites gouttes de sueur de contentement qui perlent à nos fronts et on se met en route.
Pour y aller, on reprend donc la 1, on passe par Akureyri le temps d’un arrêt pipi et on se rend compte en sortant de la voiture que … il y a du vent. Genre, vraiment. Jusque là on a essuyé quelques petites bourrasques gentillettes. Maintenant ça rigole plus et on repense à tous ces gens qui nous on dit : « non mais faites vraiment attention aux portières quand vous sortez de la voiture. » Oui, c’est vrai : faites attention aux portières quand vous sortez de la voiture.
On continue notre trajet jusqu’à (excitation maximale) le fameux embranchement où l’on arrive sur la F35. L’entrée de la route est cerclé de panneaux d’avertissement, on regarde mille fois les catégories de véhicules autorisées – ça passe. On a l’impression de pénétrer dans le Mordor avec un gigantesque « vous êtes prévenu.e.s » catégorique à l’entrée. On met environ 2h à arriver à bon port, et on passe notre premier (petit) gué en chemin non sans appréhension. C’est très bizarre comme sensation, on a l’impression de flotter et de rouler en même temps.
Hveravellir est situé entre deux glaciers, le Langjökull et le Hofsjökull, au milieu du désert de Kjölur. En arrivant on gare la voiture sur un petit parking entouré de deux maisonnettes (des dortoirs et un lieu de restauration). Autour ? Rien, à part l’odeur du souffre. On aperçoit de la fumée et un homme qui sort d’un petit bassin en maillot de bain. Le vent est glacial, notre respiration se condense dans nos cols de manteaux, nos doigts deviennent engourdis en 5 minutes chrono.
On se ballade sur le site même de Hveravellir : petits geysers, sources & rivières chaudes, fumerolles et solfatares, parmi lesquel.le.s serpente un sentier sur un ponton en bois. Ça fume et ça crache dans tous les sens et l’eau qu’on aperçoit est d’un bleu intense. Il y en a un qui siffle, c’est Öskurhóll (ça veut dire « butte hurlante ») qui crache son jet de vapeur avec moins de discrétion que les autres. Nota bene : les fumerolles étaient considérées comme la porte des Enfers au Moyen-Âge. Décidément …

Psschhiiiiit.
Le spectacle est chimérique, la nature a encore fait un travail incroyable sous nos yeux, sans l’aide de personne. Il y a plusieurs sentiers qui partent de ce point mais on trouve peu d’infos sur les randonnées disponibles (durée, longueur) et le vent commence à gagner des points sur notre témérité et notre patience. On regagne la voiture en débattant de la nuit à venir : en tente malgré les conditions météo ? En dortoir, quitte à payer le prix fort ? Après un vote à main levée et un suspens insoutenable, on décide de quitter les lieux et de se rendre à l’étape suivante, sur la péninsule de Vatnsnes – qu’on aura jamais réussi à prononcer correctement. Hveravellir est un site incroyable, mais nous avons souffert d’un manque d’équipement (thermique, justement !) approprié pour pouvoir profiter des lieux comme il se devait. Nous repartons donc, tout de même ravi.e.s d’avoir pu se frotter d’un peu plus près à la géothermie islandaise.
En deux bonnes heures de route, nous arrivons donc à Hvammstangi, sur la péninsule de Vatnsnes – on est encore dans le Nord de l’Islande, en bordure des fjords de l’Ouest. On s’installe sur le site du camping municipal, ça souffle encore très fort et, pour cette raison, on entamera notre première nuit dans le 4×4. On ne dépliera plus la tente jusqu’à la fin du séjour ensuite. Le camping est très sommaire et n’a pas de douches. On n’est plus à ça près cela dit, un plat de pâtes et on est repus. Demain on part à la recherche des phoques.

Ah, et sinon on a croisé des copains à frange.